
Christophe Gin est né en 1965. Il vit et travaille entre la France et le bassin amazonien.
Le bien, le mal, les bons contre les méchants, cette vision bien pensante qu’a le monde de lui même l’ennuie profondément et explique la facilité avec laquelle il a laissé la photographie l’attraper. Si ses travaux s’inscrivent dans la tradition du photoreportage, sa pratique déborde largement des contraintes éditoriales et la notion de travail au long cours prend ici tout son sens. A contre-courant des modes et des transformations du marché, il ne cherche pas à diversifier ou à décliner son écriture, il en affine le trait. Il poursuit le long du bassin amazonien un travail sur la conquête du territoire. Le bien et le mal s’entrelacent, sans jugement de valeur il pénètre dans quelque chose de très archaïque, dans une mythologie de ce qui anime l’homme, un espace où l’on poursuit ses rêves au détriment des lois, de la nature et parfois de soi.
" Le bien, le mal, les bons contre les méchants, cette vision bien pensante qu’a le monde de lui-même m’ennuie profondément et explique sans doute la facilité avec laquelle j’ai laissé la photographie m’attraper. Photographe autodidacte, je débute ma carrière au début des années 90 en collaborant à différent titres de la presse quotidienne nationale sur des sujets de société.
Ma première série, Nathalie conduite de pauvreté (1994-2001), est un huis clos photographique qui explore les rouages de la misère. Paris, 1994, le travail de commande que je réalise alors pour la presse s’arrête souvent au constat d’une rencontre ou d’une situation. Je m’interroge sur les logiques qui génèrent et maintiennent cette pauvreté que l’on me demande de photographier. Je décide de me concentrer sur une tranche de vie et rencontre Nathalie qui accepte ma présence et au bout de quelques mois m’autorise à partager photographiquement son quotidien. L’aventure durera sept ans. Le procédé est minimaliste, être au plus proche du sujet, disparaître pour mieux voir. La constance de nos rapports photographiques permet de faire des images où la morale n’a pas prise. Au terme de cette histoire, Nathalie devient une icône emblématique, elle acquiert un statut à la fois particulier et universel : elle est quelqu’un.
A l’issue de ce travail je ne veux pas m’enfermer dans un genre en déclinant le procédé. J’ai besoin de nouveaux horizons, un papier de Maurice Lemoine me parle d’un territoire français ou les lois n’existent pas, un Far West de légende peuplé de chercheurs d’or. J’atterris en Guyane en 2001 et découvre une société multiethnique cloisonnée. Je ne comprends pas, l’apprentissage va être long.
Ce travail m’entraine au Brésil, en Colombie, en Bolivie et au Surinam. Dans cette seconde série, Le pont des illusions (2002-2014), j’essaie de pénétrer dans quelque chose de très archaïque, dans une mythologie de ce qui anime l’homme, un espace où l’on poursuit ses rêves au détriment des lois, de la nature et parfois de soi. Je poursuis ce travail en cours."