C'est en surfant sur la "Toile" que le choix des sujets apparaît à Laurent Joliton, au hasard des pages web. Des anonymes, des situations, des fragments de vie, qui interpellent, sautent aux yeux, puis sortent de l'anonymat pour devenir sujet de création.
Véritable Mémoire Virtuelle, Internet semble répertorier toute l'histoire de l'humanité. Pourtant, la consommation massive d'images ne finirait-elle pas par créer une forme d'indifférence, d'oubli du sujet ? A trop vouloir la répertorier, voire la dénoncer, notre société ne tend-elle pas à annihiler l'impact des images ? Laurent Joliton contrebalance ce questionnement en nous renvoyant tout simplement... à nous-même. Cette réflexion, en prise avec la vie, reflète de quelle manière le travail de mémoire s'opère en chaque individu, et de quelle manière celui-ci se construit avec.
Le choix de la peinture comme médium permet cette lente approche, une interrogation, un nouveau regard sur le sujet. Empatements, flous, nuances, transparences, autant de variétés de textures pour révéler à quel point le regard sur le sujet est irrémédiablement confondu par le prisme de notre vécu, de notre histoire, de notre mémoire. Ainsi, l'artiste confond l'image avec les effets numériques des nouvelles technologies, qu'il réinterprètre et retranspose sur la toile tel un substrat, une matière malléable.
Image tronquée, image fondue, hybridation du sujet avec différents effets numériques... autant de matières que Laurent Joliton s'approprie, repense, modèle, oscillant ainsi sans cesse entre figuration et abstraction.