
Anastassia Bordeau est née à Moscou en 1979. Elle vit et travaille à Paris où elle a été diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts en 2003 (Ateliers Vincent Bioulès et Pat Andrea).
Anastassia Bordeau a ce regard qui refuse la banalisation née de la routine, la myopie que déclenche l’habitus, ou dit plus simplement l’habitude. C’est pourquoi ses scènes sont souvent nocturnes. Ou montrent des espaces qui par leur unicité, semblent des espaces clos.
Car la nuit est le temps où la logique se relâche ou s’absente, où l’imagination court après le rêve, où l’impossible se fragilise, où les contraires se rencontrent en des histoires improbables, où se dévoilent la profondeur du sens. Et l’espace clos, parce qu’il est comme la nuit coupé du monde, formant en soi un univers.
Ces tableaux sont centrées sur l’action qui s’accomplie. Action bénigne, anecdote. Mais dans laquelle se mêlent pleinement la jouissance et l’inquiétude de vivre. Dans le temps indéterminé de l’attente, qui est, on le sait, un élan suspendu à la question du pourquoi, ou du vers où, je vais.
Les références aux enseignements de la peinture moderne, à celle d’Hopper en priorité, ou même à des regards surréalistes dans ce qu’ils sollicitent l’imaginaire et suggèrent d’émotions en deçà et au-delà des images, voire à Duchamp, sont des citations volontaires qui, alliées souvent à une discrète dimension d’humour, permettent à l’artiste d’inscrire sa démarche dans une continuité.
Depuis une dizaine d’années, Anastassia Bordeau alterne et entrecroise dans sa peinture: espaces nocturnes urbains, espaces quasi fermés le plus souvent souterrains (dans les deux cas principalement lieux de circulation) ; nus ou corps déshabillés en relation ou non avec l’imagerie publicitaire. Par Jean-Paul Blanchet.